biography_artistic approach
Née en 1980, Éva Garcia vit et travaille à Paris depuis 2011.
La pratique d’Éva Garcia est axée principalement sur la gravure dont elle emploie le caractère expérimental. La gravure est un réservoir de possibilités. Elle procède de l’écriture, elle pénètre l’inversion, elle se modifie, elle est mystère. Ce qui l’intéresse, c’est l’image, qui dans son essence même, est multiple, évoluant de son inscription à son immanquable dispersion ; un parcours du plus visible vers le moins en moins visible. Il ne s’agit pas de variations en séries mais d’écritures répétées, transposées, multiples, opérant un transfert de langage. Par ces jeux traversants, d’accumulation de strates, de filtres, de recouvrements et de découvrements, par ces interpénétrations de gestes, techniques et matières, par les formats qui imposent un investissement total, il n’est pas étonnant que l’artiste ouvre sa pratique à la peinture et la sculpture, restant toujours au croisement de la gravure, dans un rapport de circularité.
Est-ce un rocher, un visage, un chemin, un corps, une maison, une tempête, est-ce léger, dur, tremblant, ou bien tout cela en même temps?
De rencontres en préfigurations, Éva Garcia découvre la gravure comme une évidence.
Elle intègre en 2010 Paris Ateliers, sous l’œil attentif de Mireille Baltar. Continuant ses recherches, elle rejoint en 2014 l’atelier Bo Halbirk. 2019 marque un tournant dans sa carrière artistique avec son premier solo show à la galerie Schumm-Braustein à Paris. En 2020, son travail est récompensé par l’Académie des beaux-arts qui lui décerne le prix Frédéric et Jean de Vernon. Elle est représentée à Bruxelles par la galerie Spazio Nobile avec une exposition personnelle en Janvier prochain « Cette lumière peut-elle ». Son travail est présent dans les collections d’estampes contemporaines de la Bibliothèque Nationale de France et de l’Académie des beaux-arts.
education
2011–2014_Sous la direction de Mireille Baltar
Atelier de gravure des Arquebusiers
Paris
individual exhibition
2022_“ Cette lumière peut-elle ”
Galerie Spazio Nobile
Bruxelles
group show (selection)
2022_ PAD Paris 2022
Galerie Spazio Nobile
Paris
2013
Graver Maintenant
Rueil-Malmaison
awards
collection
Bibliothèque de l’Institut de France, cabinet d’estampes contemporaines
Paris
Bibliothèque Nationale de France, département des estampes contemporaines
Paris
press
Autumn-Winter 2021-2022
about
Car le miracle de la vie n’est jamais sans un revers tragique.
Et c’est délivrance que l’embrunie soudaine de ce ciel trop clair.
Jean-Philippe Salabreuil
Il est bon de relever que le travail d’Eva Garcia est avant tout une « démarche picturale ». L’artiste en parle comme quelque chose qui va de soi. Cela fait penser à Jannis Kounellis qui se revendique « peintre » et n’utilise jamais de peinture. L’œuvre d’Eva Garcia, se veut avant tout et résolument gravée. La gravure est chez elle un prétexte pour atteindre quelque chose autre, comme la lumière ne sert qu’à saisir les objets, ou comme le corps n’est utile qu’à la présence. Il y a là la volonté de ce qui ne veut pas être absent et qui somnole en refusant d’être saisi. Il y a de la grâce dans cette esthétique du trouble et de la déliquescence dans ces gravures, comme si depuis le début nous n’avions pas compris qu’il s’agissait de la recette d’un mystère.
Son art se lit comme une tentative de perpétuer l’apparition. Tentative de la tentative, ou bien déjà bouquet silencieux de ce qui fut – on se mêle vite, en regardant son travail, au labeur tardif et impénétrable des morts. D’où la dimension posthume de son œuvre qu’il est pertinent d’avancer pour en comprendre l’enjeu. On voit ce qu’il en est des jours de l’autre côté de la vie sur terre – alors, comme dirait Pirandello, on se met à « regarder les choses avec les yeux de ceux qui ne les voient plus » (« Guarda le cose anche con gli occhi di quelli che non le vedono più »).
Les gravures d’Eva Garcia sont une école de la curiosité. En les explorant, on se lance tout de suite à la poursuite de mille sillons, creusements, griffures, qui défient l’intuition en éveillant en nous le penchant pour ce qui n’apparaît jamais qu’une fois avant de disparaître. La matière y foisonne d’autant plus diablement qu’on s’y sent emporté avec elle, certain d’entrer en communion avec ses grumeaux.
L’œuvre d’Eva Garcia est essentiellement abstraite. Le fait qu’elle soit en noir et blanc augmente sa force « apocalyptique » chère à René Girard, étant à la fois « catastrophe » et « révélation ». Les raclures, les rayures sont autant de procédés qui donnent à la déchirure sa dimension terrible. On croirait entendre résonner le Victor Hugo des lavis d’encres brunes et des brûlures. Comme lui, Eva Garcia livre des visions ensommeillées de l’être, des lieux où le dessin se dérobe pour laisser sa place aux errements. Il ne faut donc pas croire que c’est le statut du graveur que de penser que son œuvre est définitive. Nous voyons avec lui, par lui, que son objet est encore en train de bouger, que les éléments en lui s’y déploient encore, exaltés et furieux, prêts à se répandre parmi les limbes.